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Message par Kiusk Mar 27 Juil - 7:29

Ma femme est particulière. On devait partir en vacances lorsqu’elle m’annonçât vouloir être hospitalisée. Cela la perturbait de partir. Elle ne voulait pas quitter l’appartement. Je tentais de la raisonner. Mais rien n’a faire. Elle n’en démordait pas. Je n’aurais qu’à la laisser à l’hôpital et venir la chercher à mon retour. Je décidais d’écrire sur le sujet. H. et moi, on s’était rencontré au centre Alexandre Dumas. Nous étions tous deux schizophrènes. Nous vivions en région parisienne dans un appartement que mes parents avaient acheté. La plupart du temps H. était normale mais parfois elle faisait des crises. C’était souvent le cas lorsqu’il y avait un changement. Les vacances, c’était trop pour elle. Il faudrait faire la valise, prendre l’avion et voir des gens autres que moi.

- Tu n’auras qu’à partir tout seul. Tu salueras tes parents de ma part, elle me dit.

La vérité c’est que je supporte de moins en moins ses lubies. Je regarde par la fenêtre et ne vois pas de solutions au problème. Dehors, un chat se promène sur le gazon. Je songe qu’enfant la vie était beaucoup moins compliquée.

- L’année dernière aussi, tu avais été stressée puis très vite tu t’étais habituée, je lui fais.
- Tes parents pensent que je suis bizarre!
- Mais pas du tout, il ne pense rien de tel. Moi aussi, je suis malade de toute façon.

Je m’installe sur la terrasse. Le chat me regarde. Nous sommes au rez de chaussée si bien que je peux le caresser. Mais l’animal prend peur. Je décide d’allumer une cigarette. Le problème avec H. est insoluble. La seule solution est d’écrire. En général, cela me calme. J’ai écrit quatre ou cinq nouvelles. Ce n’est pas facile d’écrire lorsqu’on est malade mais je n’ai rien d’autre à faire. J’entends H marcher dans l’appartement. Elle semble agitée. La plupart des gens ont peur de l’hôpital. Au contraire, cela a l’air de rassurer ma femme si bien qu’à la moindre contrariété elle menace de se faire hospitaliser. Il est à noter que le père de ma femme est psychiatre. L’hôpital lui est familier depuis toute petite. Mais je m’imagine mal partir tranquillement en vacances pendant qu’elle est hospitalisée. Je lui explique mon point de vue. Mais cela n’a pas l’air de la calmer.

Lorsque j’ai entendu des voix la première fois, j’ai visiblement tiré le gros lot. J’étais confortablement assis dans le RER B quand soudain un message télépathique a surgit dans ma tête. Et plus j’essayais de me calmer, plus la situation empirait. Ce jour-là a changé  ma vie.
Si je n’étais pas tombé malade, je n’aurais probablement jamais rencontré H. Je serais peut être aujourd’hui tranquillement à  jouer aux courses. Avant de tomber malade, c’est que je faisais toute la journée: étudier les chevaux. J’ai hérité cette sale manie de mon grand-père. Le matin, on allait faire nos jeux dans un café PMU de la campagne avoisinante. On ne gagnait pas beaucoup, mais on prenait du bon temps en mobylette à travers les champs. Je dois dire que H ne me condamne pas trop de jouer de temps en temps. C’est plutôt confortable. Une autre femme ne l’aurait peut être pas supporté. Mais H a d’autres problèmes que mes considérations hippiques. Le matin, par exemple, elle passe beaucoup de temps au lit.

- Mon traitement me fatigue considérablement, elle me dit.

Moi, je supporte plutôt bien les médicaments. Le matin, je me lève vers cinq heures. Souvent j’écris ou lis des articles de la presse quotidienne. Mais je vois bien que H souffre. H est plus jeune que moi et je crois qu’elle n’a pas accepté sa maladie. Elle voudrait être en bonne santé, faire des études, avoir la vie d’une jeune femme normale. Elle rêve d’être comme ses soeurs. Réussir sa vie.  La plupart du temps, je ne sais pas quoi lui répondre. Je m’accomode pour ma part de la situation.  J’ai évidemment fait pas mal d’erreurs, raison pour laquelle j’en suis arrivé là mais c’est comme si cela appartenait à un autre. Je peux de nouveau marcher tranquillement en regardant le paysage.

Lorsqu’on se promène, H ne regarde pas les arbres. Elle est dans son monde:

- Quel travail, je pourrais exercer, me dit-elle

Le travail, c’est un problème. Lorsqu’on est malade, personne ne veut de vous. J’ai travaillé quelques temps dans une bibliothèque. Un remplacement. Mais quand la personne est revenue, ils n’avaient plus besoin de moi. Je ne sais pas vraiment si c’était lié à ma maladie. La mairie n’avait pas les moyens d’engager une personne supplémentaire.
Avant la maladie, je tenais un kiosque dans le XVIème arrondissement.  J’étais jeune et je crois que j’aimais voir du monde. La Presse ne rapportait déjà plus beaucoup mais j’appréciais ce travail.
Déjà à l’époque, je ne tournais pas rond. Je vivais dans un studio d’une belle résidence dans ce quartier pour riche. Mais les rares moments où je ne travaillais pas, je ne savais pas trop quoi y faire. C’est ainsi que j’ai décidé de vendre des journaux également le dimanche. Je vendais les quotidiens nationaux et la presse étrangère. Je n’avais pas beaucoup d’amis. Il y avait le concierge d’un immeuble rue de la pompe. C’est lui qui a commencé par me parler des courses. Il m’a proposé de me rendre sur un hippodrome. Je m’ennuyais et j’ai alors accepté.
Nous nous rendîmes à l’hippodrome de Longchamp. La vérité c’est que je n’y connaissais rien. Je n’avais jamais mis les pieds sur un champ de courses. Au rond de présentation, on regardait les chevaux. Je notais que deux d’entre eux avaient l’air énervés. Je décidais de les jouer tous les deux. Dans la ligne d’arrivée, je vois mes deux chevaux qui se disputent la victoire. J’empoche 400 euros et me plais à sourire.
C’est ainsi que le dimanche après midi, on a commencé à se rendre aux courses. Le problème c’est que j’ai commencé à gagner. J’ai donc décidé de confier le kiosque à une amie l’après-midi. Je pouvais ainsi me rendre sur les hippodromes.   J’ai pas tardé à arrêter le kiosque. Il n’était plus possible pour moi de rester enfermer dans le kiosque 72 heures par semaine.
Sans salaire, je ne pouvais continuer à payer le loyer de mon bel appartement du XVIème arrondissement. C’est comme cela que cela à commencer le chemin vers la folie. Au bout de quelques mois, je suis revenu dans le pavillon de mes parents. De mon travail au kiosque, il me restait dix mille euros que je retirais en liquide à la banque. Je voulais avoir de quoi parier sur les chevaux.

On est dimanche. H est de plus en plus difficile à vivre. Parfois, je l’observe. Elle reste assise dans le canapé et elle est parcourue par d’étranges rires nerveux. D’autres fois, elle me regarde et je constate que sans le vouloir elle me fait des grimaces. Je ne sais plus trop quoi faire. H est comme possédée. Je décide de joindre une psychiatre en urgence. Madame M est chef de service à l’hôpital P. Elle nous reçoit dans un petit bureau du centre médico-psychologique de la ville. Immédiatement, elle m’inspire confiance. Contrairement aux médecins précédents, elle maitrise son sujet. Très vite, elle consulte le dossier de ma femme et énonce les neuroleptiques qu’ H a expérimenté au cours de sa vie. Je lui raconte les signes qui m’inquiètent chez H.

- Visiblement le traitement actuel ne fonctionne pas correctement.
- Le mieux serait d’essayer la clozapine. Si vous le désirez, on pourrait prévoir une hospitalisation d’une quinzaine de jours.

Soudain H est réticente à l’idée d’être enfermée  les jours prochains. Madame M lui explique que ce traitement a aidé nombres de personnes en difficultés comme elle.  De mon côté, j’essaie de convaincre H de l’importance d’accepter cette hospitalisation. La vérité c’est qu’on nous propose rien d’autre. Et pour ma part, j’ai déjà tout essayé.

- Ce ne sera pas long. Et puis, ensuite, tu iras peut être beaucoup mieux.
- Ce n’est pas pressé. Vous pouvez réfléchir et prendre votre décision dans les semaines qui viennent.

Je remercie Madame M et sors du bureau avec l’idée qu’après tout il y a peut être une solution. H me regarde. Elle me donne le sentiment de ne pas savoir ce qu’il faut faire.


Je regarde les feuilles tombées. L’automne est déjà bien avancé. Je suggère à H de consulter son père. Après tout, il est psychiatre. Mais on le voit rarement. De son second mariage, il a déjà 4 enfants. H a en tout 2 soeurs, et 4 demi-frères et demi-soeurs. Malgré toute cette fratrie, je me sens isolé. L’unique lien que je cultive est avec la mère de ma femme. Celle-ci voit bien que je suis complètement dépassé. Pour mon anniversaire, elle m’a envoyé deux livres. L’attention m’a fait  plaisir. Le père d’H est plus absent. M la soeur de ma femme dit qu’il culpabilise. Je crois surtout qu’il a refait sa vie à l’adolescence de H et maintenant qu’elle est adulte, il ne sait plus trop quoi faire. Souvent j’écris sur toute cette famille puis je cache tout ceci dans un coin de mon ordinateur. Peut être que cela ne plairait pas à H que j’écrive sur elle, mais à la vérité, elle occupe tout mon temps si bien que c’est le seul sujet qui me vienne à l’esprit. Au début de notre relation, j’en voulais au père d’H de ne rien faire pour elle. Un psychiatre, je pensai, devrait avoir des solutions pour sa fille malade. Au fil du temps, je me suis aperçu que les psychiatres étaient comme les plombiers. Ils sont plus ou moins bons.
Les jours qui suivent sont une parenthèse dans notre vie. H hésite. Elle se demande si vraiment elle doit être hospitalisée. Elle préférerait rester à la maison avec une aide soignante. Pour ma part, cela m’enchante pas réellement. Mais je ne vois pas bien ce que je pourrais faire d’autre que la conduire à l’hôpital. Toute la journée H reste au lit. Elle consulte son téléphone, passe une commande pour un nouveau parfum ou regarde sur les réseaux sociaux ses anciens amis. J’assure le quotidien, fais les courses, prépare le repas. Malgré sa maladie, je suis très attaché à H. A part mes parents et un ou deux amis, je n’ai personne d’autre. Lorsqu’on s’est rencontré, je n’allais moi même pas très bien et je pensais qu’on allait s’en sortir ensemble. La suite m’a donné tort.
Entre deux crises, parfois H est souriante . Souvent elle me dit:

- Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer.

Alors je souris et puis reprend un peu espoir. Mais je vais passer l’hiver seul. Je pourrais rendre visite à H.  de temps en temps.


Lors de sa dernière hospitalisation, l hiver dernier, H a dessiné des souris cinglés.  J ai décidé d accrocher le dessin au mur. Je suis assis dans le salon et je les regarde ces souris démentes. Elles semblent faire une ronde, le museau pointé vers le ciel. C est un étrange ballet dans l'appartement, empli de curiosité et de folie. Curieusement, H allait très mal cet hiver là mais les souris, elles, ne sont que joie et démesure. Elles paraissent échapper à leur simple condition de souris pour tutoyer le firmament. Quand je le regarde, le dessin semble en mouvement si bien que j imagine souvent un dessin animé où les souris dingos danseraient simplement. H à l hôpital les a coloriées comme si malgré sa souffrance, elle tenait à se raccrocher à la vie. Il y a quelque chose d un peu sorcière dans ces souris là. C est une véritable danse de sabbat qu elle mène dans mon salon. Souvent je dis à H que j adore les souris cinglés. Alors H retrouve confiance et se dit qu elle n est pas si inutile. Moi, quand j écris, j aimerais trouver cette folie que j entrevois dans ce dessin. Mais la plupart du temps, je reste raisonnable, les médicaments me clouant au sol. Dessiner ces souris là n est pas à la porté du premier venu. Autrefois, j ai eu, il me semble, cette démesure. Depuis il y a eu le traitement et la psychotherapie, je n ai plus toutes les idées loufoques que j ai pu avoir.
M, la soeur d H adore les souris également. M écrit de la poésie. Elle a publié deja plusieurs recueils. Je l envie secrétement. Parfois j ai le sentiment d être plus un aide soignant qu un ecrivain. Et puis je regarde ces souris et je me rends bien compte que ma vie n est pas tout a fait dans la norme.

Il y a un grand ciel bleu. Nous sommes assis sur un banc dans le parc de l’hopitâl. H a finalement accepté de prendre un nouveau traitement. Nous sommes arrivés en avance si bien que nous avons un peu de temps pour nous. Bientôt nous ne pourrons plus beaucoup nous voir. A cause du coronavirus, les  visites sont limitées. Curieusement H n’a pas l’air préoccupé.


- Tu es un sacré numéro, me dit-elle

Elle rit. Je regarde le vert du gazon. Je suis moins assuré qu’elle. Je ne sais plus que penser de cette relation. Je tiens à H mais la vie est devenue difficile. H n’est plus du tout autonome. Cette hospitalisation me laisse le temps de souffler. Je l’accompagne devant la porte du pavillon 26 service 11. J’ai une impression de déjà vu. Ses chiffres correspondent à ma date d’anniversaire. Peut être que cela portera chance à H? L’infirmière ne me laisse pas rentrer. Je donne son sac à ma femme et l’embrasse. H hésite à entrer.

- Vas-y, quand tu sortiras, tu iras peut être beaucoup mieux, je lui dis.

Elle me regarde puis me fais un signe de la main. La porte de l’hôpital se referme sur elle. J’entrevois des malades attablés dans la salle commune. Je suis de nouveau seul. Le bus me transporte à la maison. L’appartement est étrangement vide.


Je lis un journal du dimanche. Un article évoque l’urbanisme parisien dans le futur. Les promoteurs doivent favoriser la mixité sociale. Moi, je suis habitué à la solitude. Ma seule compagne est la cigarette. Lorsqu’on est malade, on est habitué à être abandonné. Je songe à ceux ou celles qui m’ont laissé sur le côté, ici à écrire. Qu’est ce qu’ils sont devenus? Ils ont continué tranquillement leur vie, leur trahison, confortablement enfouie en leur sein. Après tout, je ne peux leur en vouloir. J’aurais peut être fait pareil si j’avais pu. Il y a vingt ans, j’étais à Florence. Je regarde une photo où ma silhouette se découpe sur les bâtiments italiens. Curieusement je suis jeune et beau mais j’ai déjà l’air malade. Mon regard et mon sourire trahissent la folie à venir. Pendant toutes ces années, je n’aurais de cesse de ne rien construire. Tandis que les autres trouvaient un travail, faisaient des enfants, je jouais aux courses et m’occupait de chats. Il ne reste pas grand chose de tout cela sinon mes souvenirs. Mais dans le fond je ne regrette pas grand chose. J’aurais été incapable d’avoir une vie normale.

Je vois ma psychologue le mardi. Au retour, sa mère me joins au téléphone.

- L’hôpital P t’a téléphoné?
- H est tombée dans l’escalier. Elle s’est cassée la cheville.

Le premier soir à l’hôpital, H était désorientée. Elle a chuté dans l’escalier, s’ouvrant l’arcade sourcillière et se brisant la cheville. Sa mère et moi-même sommes pertubés. Après tout, c’est moi qui lui avais suggèrée cette hospitalisation. H n’est pas habituée à être seule. H a été transférée dans un autre hôpital. Elle n’a pas son téléphone. On ne peut la joindre. Je raccroche. Je suis sous un arrêt de bus. En face, se dresse un petit pavillon avec son jardin de banlieue. Il pleut sur la ville. Je regagne mon appartement le coeur triste.  H retournera dimanche à l’hôpital P. En attendant, elle devra être opéréé.

L’hopitâl P est principalement constitué de pavillons. Je bois un café sur la terrasse de la cafétaria. J’ ai une étrange impression de calme et d’harmonie qui contraste avec ma première visite ici, il y a dix ans. A l’époque, j’entendais des  voix et la situation était proche du cauchemar. En tant que visiteur, je trouve ce lieu  agréable. Des malades discutent, et essaient de se procurer quelques cigarettes.  Je me décide à rejoindre le pavillon 26 où H est hospitalisée. Une infirmière me reçoit et m’invite à attendre dans le petit jardin.
H arrive en chaise roulante, poussée par l’infirmière. Arrivée à ma table, elle me sourit. L’infirmière nous explique que nous aurons une demi-heure pour nous voir. Les mesures concernant le coronavirus, nous interdisent de nous toucher. Nous restons tous les deux à regarder le jardin. Un hérisson se promène sur la pelouse. Je lui demande si elle a mal. H est courageuse. Elle ne se plaint pas.

- Tu veux toujours partir à la campagne, elle me demande.
- Peut-être. Je voudrais me rapprocher de mes parents, je lui réponds.

Ce point est un sujet de désaccord pour tous deux. Il y a longtemps que je propose à H de me suivre à la campagne. H ne semble pas avoir le même projet. Pour l’heure, H est en chaise roulante. Elle me regarde l’air triste.

- J’aimerais bien te suivre mais je ne suis pas capable, elle me dit.
- Dans quelques mois, tu iras peut être beaucoup mieux, je lui fais.
- Je ne veux pas m’éloigner de mes parents, elle me répond.

H a un pansement au dessus de l’oeil droit. Elle est recroquevillée dans son fauteuil. C’est la première fois que je la vois comme ce que nous sommes, des handicapés. Je regarde le hérisson au pied de l’arbre. Il n’a pas l’air inquiet par notre présence. La nature est ma seule bouée de sauvetage. H est plus attachée aux soins.  L’entretien est terminé. Une interne pousse la chaise roulante en direction de l’entrée du pavillon. J ‘ai le sentiment de voir pour la dernière fois H.

- Prends soin de toi, B, me dit H en s’éloignant.

L’interne discute avec elle. H a l’air heureuse...

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