L, Raphaele Lannadère

Pour toute une génération de musiciens, dont le but ultime est de faire de la musique publicitaire, Raphaele Lannadère passera pour une extra-terrestre. Pour nous, qui avions écouté Léo Ferré, Barbara, Brel, l'apparition d'un réel enjeux poétique dans la chanson actuelle relève du miracle. Car L, le second album de la chanteuse, fait l'effet à la première écoute d'une apparition.
Le constat, ces derniers temps était amer. Toute une génération n'avait comme seule religion la démission et la capitalisme. Des textes du niveau d'un enfant de CM2, de la musique pour le supermarché du coin ou des pubs pour de l'electro-ménager, où étaient donc passés les héritiers de Rimbaud ? A force, on s'était presque habitué, en vieillissant le vent de révolte avait presque disparu. La chanson n'était plus qu'un produit de supermarché, balayé par le courant mondialiste.
Faire de la poésie, tout en utilisant une musique actuelle, transcender ses fragilités d'une voix borderline, qui prendrait la relève des grands anciens ?
Et puis, il eut cette écoute, ce sentiment qu'enfin quelque chose se déroulait. Ce n'est pas tant les mots qui nous happent au début, mais peut être la fragilité de la voix, qui ensuite délivre un univers d'une réelle poésie. Nul classicisme ici, sur la forme, des textes littéraires parviennent à cohabiter avec des sons électroniques...Raphaele Lannadère est une bouffée d'oxygène au milieu d'une population de cadres d'entreprise.